Plusieurs facteurs conjugués concourent aujourd’hui pour confirmer le politiquement correct qui caractérise la gestion contre vents et marées, notamment la pandémie du Covid-19 et le surendettement du pays, de l’actuel président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani des affaires de la Nation.
L’un des plus hauts officiers de l’institution militaire mauritanienne, en l’occurrence l’ex Général de division qu’est Ould Ghazouani s’est trouvé par infraction, sommes-nous en droit de dire, le 6 aout 2018, par un mauvais moment et un endroit inapproprié, entrainé dans le coup d’Etat qui avait renversé le président démocratiquement élu feu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Il n’y avait à l’époque qu’un seul capitaine à bord du navire Bombardier de l’ex Chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, dont l’accès était exclusivement autorisé aux militaires et civils soumis qui ne piperont aucun mot sur l’exécrable putsch.
Profondément contrarié, son compagnon d’armes Ghazouani s’est trouvé du coup dans l’embarras du choix, se rebeller et par conséquent se faire virer comme d’officiers indociles au nouveau seigneur, marginaliser de l’institution militaire, radier et humilier par son ami réputé par son aversion illimitée pour ceux qui ne partagent pas ses convictions ou bien reste bouche cousue et rejoindre avec armes et bagages l’équipage du bateau et attendre patiemment, la douleur insupportable dans l’âme et sans prendre le risque stupide d’être soupçonné de désaccord et par conséquent de payer lourdement son positionnement.
Plus d’une décennie après et ironie du sort, l’homme dont le cœur brulait d’impatience pour rétablir l’Etat de droit dans le pays est choisi par le dictateur Aziz en personne pour lui succéder.
Sans nul sans doute pas par confiance absolue à Ghazouani, dès lors où Aziz n’a confiance qu’à lui-même, mais peut-être en nourrissant le grand espoir par main interposée de revenir plus tard aux commandes de la Mauritanie, sinon s’assurer une retraite dorée d’ancien président sous la couverture de successeur Ghazouani tout en restant assis sur le gros magot accumulé et en partie saisi par la justice, le cas échéant éviter des poursuites judiciaires irréversibles orchestrées par ses farouches opposants pendant près de 15 ans, bien outillés politiquement pour entrer dans le palais et susceptibles de lui succéder au palais présidentiel et dont il a jeté les plus populaires en prison.
Ghazouani est alors élu président en juin 2019 et poursuit depuis avec la même habilité, discrétion et dextérité l’appropriation légitime, douce et lente mais sure du pouvoir.
Ould Abdel Aziz, délogé du sérail lui et ses cellules indociles dormantes pouvait respirer l’air pur momentanément, à moins qu’il ne soit tenté par l’imprudence de s’immiscer de nouveau dans les affaires d’un pouvoir qui lui échappait progressivement et irréversiblement.
Malheur à lui à, il n’a pas attendu 60 jours de la date d’accession de son successeur au pouvoir pour revenir et se constituer ipso facto en donneur d’ordres et de leçons, revendiquant la paternité et la référence de l’Union Pour la République, le parti au pouvoir.
Ce sera alors le compte à rebours de ses déboires et de sa descente aux enfer, qui le conduiront en passant par la Commission d’enquête parlementaire, la police chargée des crimes économique et financier, la saisie en partie des biens de son empire financier et aujourd’hui à la mise en place de la Haute Cour de Justice, dans la prison.
Entretemps, Ould Ghazaouni s’efforçait progressivement de matérialiser son rêve de réhabiliter l’Etat de droit et le pouvoir politiquement correct de feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Les preuves sont nombreuses pour être toutes énumérées ici. Nous nous contenterons de citer ici et pêle-mêle quelques-unes :
– La levée du mandat d’arrêt international et des poursuites judiciaires contre les hommes d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, Moustapha Limam Chaavi, Mohamed Ould Debagh, Ould Ghadda,
– Rétablissement de dizaines fonctionnaires limogés de leur poste au cours de la décennie noire dans leur fonction,
– Nomination de l’ex ministre Nebghouha Mint Mohamed Vall à la présidence du conseil national de l’éducation, un organe qui compte 23 conseillers,
– Nomination d’Amal Mint Sidi Ould Cheikh Abdallahi dans le gouvernement (Un poste pour lequel elle détient toutes les compétences requises)
– Nomination d’Idoumou Ould Mohamed Lemine, ex Conseiller à la Communication de feu Ould Cheikh Abdallahi,
– Annulation de plusieurs projets de loi, mesures et licences accordées abusivement au cours de la décennie,
– Séparation des pouvoirs…etc
D’ailleurs l’ancien président Ould Cheikh Abdallahi ne se trompait guère sur les excellentes qualités de Ould Ghazouani, accusé injustement d’avoir été un putschiste actif contre lui en 2008, alors qu’en réalité il se trouvait impuissant entrainé par une avalanche brusque, brutale et impitoyable face à laquelle, il est difficile de survivre, en s’opposant au camp des comploteurs.
D’ailleurs, voici ci-après,ce qui peut considérer comme un témoignage fait en mars 2020, au tout début de la propagation de la pandémie de la Covid-19 en Mauritanie, par feu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, Rahmatou Allah Aleyhi, sur le politiquement correct qui singularise la gestion des affaires publiques par l’actuel président Ould Ghazouani.
« A Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, Président de la République.
Monsieur le Président,
En ces circonstances où le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent en termes de conséquences et de défis pour la vie quotidienne des gens, permettez-moi de vos féliciter pour toutes les mesures et décisions préventives que vous avez engagées très tôt pour empêcher l’extension de la pandémie de coronavirus dans notre pays et en limiter les risques pour notre peuple, tout en vous remerciant également pour l’ensemble des mesures en cours en vue de minimiser les effets collatéraux de ladite pandémie sur les conditions de vie de nos compatriotes. Je décèle clairement dans toutes les décisions et mesures prises par vous l’expression de votre engagement pour la défense des intérêts de notre peuple et votre volonté de bien le servir.
Permettez-moi, aussi, de souligner le sérieux de votre gouvernement et de l’ensemble des services concernés dans la mise en œuvre des décisions prises à votre niveau et qui sont toutes dignes d’être appliquées avec méthode, appuyées et saluées par tous nos compatriotes, en particulier celles en rapport avec les injonctions et conseils liés à la mobilisation, la sensibilisation, la prévention et la stricte observation du principe de précaution et des instructions y relatives, mais aussi en ce qui concerne le besoin de solidarité nationale dont les prémisses ont été déjà jeté par certains de nos hommes d’affaires.
Qu’ALLAH vous protège, vous guide et préserve notre peuple, nos voisins et débarrasse de la pandémie notre pays, la OUMMA islamique et l’Humanité tout entière.
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi »
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Rappel pour l’histoire
Premier président civil élu démocratiquement en 2007, Sidi Ould Cheikh Abdallahi est décédé le 22 novembre 2020 à Nouakchott.
Sidi Ould Cheikh Abdallahi restera dans les mémoires comme le premier président civil élu démocratiquement en Mauritanie, écrivait Justin Spiegel.
Avec lui, c’est un morceau de l’histoire de la Mauritanie qui s’en va. Le 22 novembre, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a rendu son dernier souffle dans une clinique de Nouakchott. Il avait 82 ans.
« Honnête » et « pieux »
Unanimement salué comme un homme « cultivé », « honnête » et « pieux », il restera dans les mémoires comme le premier président civil élu démocratiquement du pays. Cet économiste de formation (il avait officié au Koweït et au Niger), ancien ministre de Mokhtar Ould Daddah (Développement industriel, Économie), était arrivé au pouvoir avec le soutien de l’armée, à l’issue de la transition menée par le colonel Ely Ould Mohamed Vall (2005-2007), après la chute de Maaouiya Ould Taya.
NB. Cette opinion avait été rédigée sous sa forme brouillon la veille des révélations del ‘interview accordée par Ould Ghazouani à Jeune Afrique et l’article fait par le patriote Haidara, Directeur du Marathon international de Nouadhibou sur le président et publié par Cridem.
Mohamed Ould Mohamed Lemine
mdhademine@yahoo.fr