Pays trop méconnu, la Mauritanie dispose d’un très fort potentiel dans de nombreux secteurs, et s’est préparée à accueillir à bras grands ouverts tous les investisseurs souhaitant participer à son développement. Tel est en substance le message de SEM l’Ambassadeur Mohamed Yahyia TEISS, lors de la conférence organisée le jeudi 22 février courant pa la CCFA dans la capitale français Paris.
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Participant à la fois de l’espace euro-méditerranéen, via son appartenance au Maghreb et sa frontière nord avec le Maroc et l’Algérie, de l’Afrique de l’Ouest par sa côte atlantique (754 km) et sa frontière sud avec le Sénégal – le pont inauguré récemment est comparé au tunnel sous la Manche, pour son importance stratégique –, mais aussi du Sahel par sa frontière ouest avec le Mali, la Mauritanie occupe incontestablement, une position stratégique dans la région, capable de lui conférer un rôle de synergie et de plaque tournante dans les échanges entre de nombreux pays.
C’est ce premier atout que relève SEM l’Ambassadeur Mohamed Yahyia TEISS dans son propos introductif, avant d’en évoquer un second, lui aussi de haute importance : « Nous avons réussi depuis treize ans à sécuriser l’ensemble du territoire, à contrôler ce territoire et à y faire revenir la quiétude… Nous sommes prêts maintenant à nous ouvrir largement aux investisseurs, à faire valoir auprès d’eux ce que nous pouvons offrir » ajoute l’ambassadeur.
.Des fondamentaux encourageants
.De fait, ce pays vaste comme deux fois la France (1,3 million de km2) mais à la population peu nombreuse (4,6 millions d’habitants) présente plusieurs attraits :
– la croissance économique s’y accélérée, passant de 2,4 % en 2021 à 5,2 % en 2022, soutenue par une augmentation significative des exportations et une consommation privée résiliente du côté de la demande ;
– le PIB par habitant a affiché une croissance positive après une contraction en 2020 et 2021 ; il atteint désormais 2 344 dollars, et se situe au 15e rang en Afrique avec 7 437 $, selon le baromètre de Global Finance qui pondère le PIB en fonction des différences de pouvoir d’achat ;
– côté dette, grâce aux accords de restructuration conclus avec le Koweït, la Chine et l’Arabie saoudite en 2021 et 2022, le risque de surendettement de la Mauritanie est passé d’élevé à modéré, selon l’Analyse de Viabilité de la dette (AVD) de janvier 2023 effectuée par la BM et le FMI ;
– en 2021, la Mauritanie a exporté pour 4,34 Md$ de marchandises (51 % étant des minéraux et métaux, 28 % des produits alimentaires) et importé pour 3,56 Md$ de marchandises, générant ainsi un balance excédentaire de 779 millions de dollars.
– mieux, au terme du 3e trimestre 2023, les échanges commerciaux de la Mauritanie avec le reste du monde ont enregistré une hausse de 10,6 %, grâce essentiellement aux exportations (+ 19,2 %).
Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le PIB de la Mauritanie enregistrera en 2025 une croissance fulgurante, supérieure à 14 %, cela grâce à la mise en exploitation des gisements gaziers.
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Bienvenue aux investisseurs !
.« Tous les secteurs économiques de notre pays présentent un riche potentiel que nous souhaitons développer », affirme SEM l’Ambassadeur Mohamed Yahyia TEISS. C’est en premier lieu le cas de l’agriculture, qui représenta à ce jour % du PIB. Elle dispose de 513 000 ha de terres arables, hautement fertiles, dont 250 000 ha seulement sont exploités. « La Mauritanie ne produit que 37 % de ses besoins alimentaires, c’est dire la grande importance de développer le secteur agricole… Pour cela nous avons un besoin important en infrastructures : construction de canaux, de barrages, d’entrepôts et usines de transformation, moissonneuses et ressources énergétiques.
Autrement dit, la Mauritanie a besoin d’investisseurs. Un constat qui a conduit les autorités à mettre en place ces dernières années tout un dispositif institutionnel, législatif et réglementaire visant à les attirer :
– Guichet Unique qui centralise l’ensemble des formalités relatives à la création des entreprises et leur agrément au Code des Investissements ;
– Réforme du Code des marchés publics ouvrant la voie à des institutions indispensables telles qu’une Autorité de Régulation des marchés publics, des Commissions de contrôle des marchés publics
– Création de l’Agence de la Promotion de l‘Investissement en Mauritanie
– Création d’un Centre international de médiation et d’arbitrage
– Mise en place d’un Conseil Supérieur d’Amélioration du Climat des Affaires en Mauritanie (CSACAM) en vue de coordonner la mise en œuvre des réformes du climat des affaires ;
– Création d’un Comité d’investissement, cadre permanent de concertation entre l’État et le secteur privé pour assurer la concertation entre les secteurs public et privé et du PPP ;
– Création de la Zone Franche de Nouadhibou. Capitale économique située au nord du pays, Nouadhibou et sa zone franche bénéficient d’un dispositif particulièrement favorable.
– Incitations douanières : exonération BIC jusqu’au 7e exercice fiscal. Taux réduit de 7 % du 8e au 15e exercice inclus ; Plafonnement ITS de 20 % offert aux salariés expatriés. Pas de redevance administrative pour les entreprises prioritaires.
– Incitations douanières : les importations des marchandises dans la ZFN provenant de l’étranger ou du territoire douanier mauritanien sont exonérées de tous droits, taxes et redevances et TVA. De même pour les exportations à l’étranger de produits ou marchandises issus de la ZFN.
– Régime de change dérogatoire au droit commun. Transfert libre de fonds à l’étranger pour entreprises agréées. Possibilité de détenir des devises générées par les activités dans des comptes dans des banques étrangères.
On notera enfin que le Conseil Supérieur de l’Investissement est présidé par le Président de la République en personne…
De nombreux secteurs à fort potentiel
Tout ce dispositif s’applique bien sûr aux nombreux secteurs à fort potentiel de la Mauritanie :
– La pêche, autre secteur vital pour l’économie de la Mauritanie représente selon les années entre 3 et 6 % du PIB et 25% des exportations du pays. Son potentiel de captures annuelles est évalué à 1,8 million de tonnes, tandis que seul 1,2 million de tonnes est exploité annuellement, et que l’industrie de transformation du poisson est peu développée et sous exploitée.
– L’élevage est l’un des principaux piliers de l’économie du pays, produisant près de 11% du PIB, représentant près de 70% de la valeur ajoutée du secteur rural et occupant environ 10% de la population active.
La Mauritanie dispose d’importantes ressources animales estimée à plus de 20 millions de têtes (bovins, ovins, camelins et volailles). Le potentiel de production annuelle est estimé à 180 000 tonnes de viandes rouges, 213 000 tonnes de lait, 27 000 tonnes de poulets de chair et près de 5 millions de pièces de peaux brutes…
Mais 70 % du lait consommé est importé, preuve d’une trop faible transformation locale du produit.
– Les industries extractives représentent 19 % du PIB. La Mauritanie exporte ces matières premières pour une valeur annuelle de plus de 1,8 milliard d’euros, soit environ 75 % des exportations totales générées par le secteur minier.
Les principaux produits d’exportation sont le minerai de fer (50 %), l’or (43 %), le cuivre (7 %). Par ailleurs, le secteur emploie 10 % de la population active du pays.
La principale activité minière est articulée autour du fer dont le potentiel est estimé à 1,5 milliard de tonnes , avec une exportation annuelle de 12 millions tonnes.
L’or et le cuivre représentent également des potentiels importants. Réserves : 1,5 milliards de tonnes de fer, 25 millions d’onces d’or, 28 millions de tonnes de cuivre, 11 millions de tonnes de quartz, 140 millions de tonnes de phosphates, 6 milliards de tonnes de gypse, 245 milliards de tonnes de sel.
L’énergie – Actuellement le taux d’électrification est faible, en particulier dans le milieu rural, et l’ambition de la Mauritanie est d’atteindre l’accès universel à l’énergie, dont 50 % d’énergie renouvelable.
Le tourisme – La Mauritanie dispose d’un potentiel et d’atouts touristiques importants et diversifiés, mais soufre d’un grand déficit en infrastructures.
Les opportunités d’investissement y sont donc nombreuses : construction et exploitation d’hôtels, y compris haut standing ; construction de village touristique à Nouakchott et Nouadhibou ; construction et exploitation des stations touristiques sur les rives de l’Atlantique ; développement de la formation professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration…
L’hydrogène vert – La Mauritanie, idéalement positionnée avec ses ressources solaires et éoliennes peut devenir un pôle mondial de production d’hydrogène vert. Pour l’éolien, l’estimation du potentiel est de 7,5 m/s pour une hauteur de 60 m (Nouakchott) et 8,9 m/s pour une hauteur de 40 m (Nouadhibou). Pour le solaire, le potentiel varie entre 2 100 et 2 300 kwh/m2/par an.
L’UE est déjà positionnée en termes de coopération avec la Mauritanie au travers de l’initiative Global Gateway, destinée à développer les chaînes de valeur locales et à générer de l’emploi dans le pays. La société BP a également signé un accord avec le gouvernement mauritanien concernant des projets d’hydrogène vert.
Les hydrocarbures – Découvertes il y quelques années, les réserves en gaz de l’offshore mauritanien sont estimées à 1 100 milliards de m3 de gaz naturel. Les réserves offshore en pétrole sont estimées à 510 Mb.
Pour une partie de ces champs la Mauritanie et le Sénégal ont signé un accord entre les deux gouvernements et l’entreprise BP, pour démarrer l’exploitation du gaz cette année.
Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) a-t-il annoncé le 3 janvier 2024 que la croissance de l’économie mauritanienne devrait se situer à 5,1 % en 2024 avant d’atteindre 14,3 % en 2025, grâce à l’entrée en production du gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) situé à cheval sur la frontière maritime avec le Sénégal.
Selon le Professeur Abderrahmane Mebtoul, économiste algérien et expert international en matière d’hydrocarbures, « les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz, ce qui fait du projet GTA l’un des plus importants en cours de réalisation en Afrique, nous dit-il. Les deux pays sont convenus de se partager les recettes, estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur vingt ans. Le GTA assurera une rente importante au Sénégal et à la Mauritanie (…) Grâce à son industrie gazière, la Mauritanie pourrait devenir un partenaire énergétique clé pour l’Europe et donc un acteur majeur de la chaîne d’approvisionnement mondiale en gaz naturel. Mais elle nécessite pour cela un afflux de nouveaux investissements. »
Enfin, lors de la séquence des questions/réponses, et répondant à un interlocuteur, SEM Mohamed Yahya Teiss a déclaré : « Plus on fait la promotion de l’économie, plus on appuie le développement et plus on fait reculer les dynamiques négatives et l’insécurité. Je suis persuadé, connaissant bien notre région, qu’il y a des éléments permettant aux investisseurs de venir et de contribuer au développement en toute sécurité. En tous les cas, la Mauritanie reste un partenaire ouvert à tous ses voisins afin de faciliter le co-développement »
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Par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
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Légende de la photo De gauche à droite : SEM Mohamed Yahya TEISS, Ambassadeur de Mauritanie en France ; M. Vincent REINA, Président de la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA) ; SEM Dhia KHALED, Ambassadeur de Tunisie en France, lors de la conférence du jeudi 22 février, à Paris.} © AM/APP