La course aux parrainages est ouverte et cela n’est pas une simple affaire pour les candidats à l’élection présidentielle du 29 juin 2024. Une campagne dans la campagne est lancée. Et cette année, elle est plus difficile à mener. C’est une autre campagne, côté coulisses, à laquelle se prêtent les aspirants au palais ocre. Une campagne très tactique, qui apporte une autre grille de lecture à l’actualité politique. La quête des parrainages.
Tous les aspirants à la fonction suprême doivent se plier à l’exercice. Il y a ceux pour qui cela n’est qu’une simple formalité, au premier rang desquels Ould Ghazwani et ELWavi. Et puis il y a les autres, qui vont devoir s’arracher pour pouvoir apporter au Conseil constitutionnel les précieux sésames. Freinée dans la course aux parrainages, les candidats ont exprimé leur dépit. L’obstacle des parrainages peut faire des dégâts cette année.
Le seul de tous ces impétrants qui n’a aucun souci à se faire est le président Mohamed Cheikh ElGhazwani, candidat à sa réélection qui a déjà déposé sa candidature auprès du conseil constitutionnel. Il a été suivi en cela par Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi .Les autres postulants enchaînant les déclarations et les concertations ont du mal même si les petites mains s’activent à trouver les fameux parrainages obligatoires pour valider les candidatures.
En Mauritanie, le parrainage de 100 élus municipauxdont cinq maires, originaires de 8 huit régions différentes, est une des conditions de validité d’une candidature à une élection présidentielle. Le dernier délai de rigueur du dépôt des candidatures est fixé au 15 mai, ultime délai imposé par la loi.
Parcours du combattant
Un premier parcours du combattant à franchir et sur ce plan la sélection est implacable.
L’enjeu est donc d’importance et cette année, les candidats potentiels se heurtent à la réticence des autorités locales devant valider les parrainages des élus. Des Hakems ,aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays, ont refusé de valider les parrainages de certains conseillers. Les candidats disent éprouver des difficultés à recueillir leurs parrainages
Pour la coalition des candidats, ‘’ces entraves posées sur leur chemin résultent des instructions des partis de la majorité, principaux détenteurs et pourvoyeurs du sésame les considérant anti-démocratiques, dangereux et sans précédent ‘’.Pour cette élection 2024, ce quitus local se discute âprement. Tous les candidats se plaignent de ce système qui, de toutes les façons, est une prime au sortant.
Si Ould Ghazwani et El-Wavi en ont terminé avec ce passage obligé avec leurs centaines de signatures qui doivent être validées par le Conseil Constitutionnel mais derrière, les autres concurrents pour emblématiques qu’ils soient, demeurent à la traîne et pestent leur colère.
Pour l’ancien ministre et proche du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, M.Seyidna Ali Mohamed Khouna,’’les candidats de l’opposition s’en tiennent à la loi qui permet aux conseillers de donner leur parrainage au candidat de leurs choix’’. De l’avis de M. Bâ Mamadou Bocar, président de l’AJD/MR et candidat à la présidentielle les parrainages sont des actes républicains, un souffle de la démocratie, on ne peut pas remettre cela en cause’’.
Pour Ahmed Samba Abdallahi, « les candidats que nous sommes n’allons pas accepter ce diktat du pouvoir qui veut imposer des « candidats à la carte », nous mettons le président de la République et son pouvoir devant leurs responsabilités, nous réclamons qu’il organise des élections inclusives et transparentes, s’il gagne, nous le féliciterons et s’il perd, il quitte le palais comme ses prédécesseurs, lui et la Mauritanie en sortiront grandis ». L’ancien cadre de l’APP ne comprend pas les agissements du pouvoir« Aucun des prédécesseurs de Ghazwani n’a refusé aux prétendants de briguer le fauteuil présidentiel ; pourquoi le ferait-il, lui. Nous ne cautionnerons pas de règlements de compte avec certains prétendants et n’hésiterons pas à descendre dans la rue avant ou après les élections si les conditions d’une élection inclusive et de transparente ne sont pas garanties.
Sélection des adversaires
Dix (10) candidats à l’élection présidentielle du 29 juin 2024, constitués en alliance, dénoncent « la manipulation des parrainages » par le président en exercice et candidat à sa propre succession, Mohamed Cheikh El Ghazouani, à travers une déclaration rendue publique la semaine dernière
Une alliance de candidats dénonce la manipulation des parrainages
Le document alerte sur la « gravité » d’une situation par laquelle « le président sortant, contrôle les parrainages, avec le recours aux méthodes d’intimidation, en ciblant et en sélectionnant ses adversaires, confisquant ainsi les droits inaliénables des maires et des conseillers municipaux, dans un contexte de rejet du pouvoir en place par les populations ».
La déclaration attire l’attention de l’opinion nationale et internationale, sur les dangers d’une manœuvre visant à mobiliser les électeurs sur « des bases claniques, tribales, sectaires et ethniques » en faveur du candidat du pouvoir sortant.
Les candidats signataires de cette déclaration sont : Mohamed ould Abdel Aziz, Biram Dah Abeid, Ahmed Haroune, Nourrdedine Mohamed,Outama Soumaré, Sadva Cheikh El Houssein, Ba Mamadou Bocar, Moussa Bocar Mohamed dit Guelogal, Ba Ahmed Samba Abdallahi.
Saydou Nourou T.