Depuis quelques jours des appels se multiplient en Mauritanie pour des grèves ou des manifestations en soutien aux populations de Gaza. Le dernier en date est l’appel d’un syndicat d’écoles privées à cesser les cours dans tous les établissements scolaires. Si on ne peut être que solidaire avec les populations de Gaza – et des Palestiniens en général – qui subissent des atrocités depuis des mois, on peut néanmoins s’interroger sur le zèle que certains mettent à défendre une cause certes noble, mais qui ne disent rien quand il s’agit d’injustices qui se passent ailleurs, notamment en Mauritanie. Pourquoi les Mauritaniens sont-ils plus enclins à défendre les causes des Palestiniens plus que d’autres ? Pourquoi ne s’intéressent-ils pas à ce qui se passe chez nous ? Comment faire en sorte que nous balayons d’abord devant notre propre porte ?
La question soulevée est complexe et touche à des enjeux profonds de solidarité, d’identité et de perception des injustices
Solidarité historique et culturelle
La cause palestinienne a une résonance particulière dans le monde arabe et musulman, y compris en Mauritanie. Cette solidarité est souvent enracinée dans des sentiments d’identité commune, de lutte contre l’oppression et d’une histoire partagée de colonisation et de résistance. Les Mauritaniens, comme beaucoup d’autres dans le monde arabe, voient dans la lutte des Palestiniens un symbole de la lutte contre l’injustice.
Visibilité des injustices
Les événements en Palestine sont largement médiatisés, ce qui leur confère une visibilité qui peut parfois faire défaut aux injustices locales. Les images et les récits des souffrances des Palestiniens touchent les émotions et mobilisent l’opinion publique. En revanche, les injustices en Mauritanie, qu’elles soient sociales, économiques ou politiques, peuvent ne pas bénéficier de la même attention médiatique, ce qui peut expliquer un manque d’engagement similaire.
Perception de l’inefficacité locale
Il peut exister un sentiment d’impuissance face aux injustices locales, ce qui pousse certains à se tourner vers des causes extérieures où ils estiment que leur voix peut avoir un impact. La perception que les luttes internes sont souvent étouffées ou ignorées peut également dissuader l’engagement.
Mobilisation et organisation
Les mouvements de solidarité pour la Palestine sont souvent bien organisés et soutenus par des réseaux internationaux. En revanche, les luttes pour les droits et la justice en Mauritanie peuvent manquer de la même structure ou de la même coordination, rendant plus difficile la mobilisation autour de ces questions.
Comment agir localement ?
Pour encourager un engagement plus fort sur les injustices locales, plusieurs pistes peuvent être envisagées. Il faut d’abord éduquer la population sur les injustices qui se produisent en Mauritanie et sur l’importance de s’engager localement et mettre en place des espaces de dialogue et de mobilisation autour des questions locales, permettant aux citoyens de s’exprimer et de s’organiser.
Il faut aussi encourager les organisations de la société civile à se concentrer sur les problèmes locaux et à collaborer avec des mouvements internationaux pour créer un équilibre dans l’engagement.
Il est essentiel de trouver un équilibre entre la solidarité internationale et l’engagement local. Les luttes pour la justice, qu’elles soient à Gaza ou en Mauritanie, méritent d’être entendues et soutenues. En cultivant une conscience collective qui valorise à la fois les causes internationales et les injustices locales, les Mauritaniens peuvent contribuer à un changement positif tant sur le plan national qu’international.
Sikhousso
