Les autorités en charge de la régulation du transport en Mauritanie ont décidé de mettre en place un dispositif en vue de numériser les contraventions des infractions routières, notamment à Nouakchott. Il faut dire que la circulation dans la capitale est une véritable jungle. Entre les conducteurs qui ont du mal à respecter le code de la route, les usagers qui manquent de civisme et les policiers qui sont plus soucieux de «verbaliser» que de réguler la circulation, il y a de quoi perdre le contrôle. Cette décision est donc destinée à mettre fin – ou tout du moins à limiter – à l’anarchie qui continue de sévir malgré toutes les mesures qui ont été prises jusqu’à présent. Mais des questions restent posées.
Ce nouveau dispositif sera-t-il plus dissuasif que les précédents ? Les policiers, dont certains profitaient de la situation pour arnaquer les conducteurs seront-ils motivés pour mettre en application cette mesure ? En quoi cela va-t-il limiter les incessantes tracasseries et la prise en otage des papiers des voitures ? Quelles sont les mesures d’accompagnement qui doivent être prises pour s’assurer de l’efficacité de la numérisation des infractions et réguler de manière efficace la circulation à Nouakchott ?
La numérisation des contraventions peut effectivement renforcer la dissuasion en rendant le processus plus transparent, traçable et moins sujet à la corruption ou à l’arbitraire. Cependant, son efficacité dépendra de la crédibilité du système : si les conducteurs perçoivent que la sanction est appliquée de manière juste et systématique, ils seront plus incités à respecter le code de la route.
La motivation et la formation des policiers
La réussite de cette mesure repose sur la motivation des agents de police. Il est crucial de leur assurer une formation adéquate sur l’utilisation du nouveau système, ainsi que sur l’importance de leur rôle dans la régulation et la sécurité routière. Des incitations positives, telles que des primes ou des évaluations basées sur la conformité et la transparence, peuvent encourager une application sincère et efficace.
Limiter les tracasseries et la prise en otage des papiers

La numérisation doit permettre de réduire les pratiques abusives, comme la confiscation arbitraire de documents ou la demande de pots-de-vin. En automatisant la verbalisation, le système limite l’intervention humaine dans la délivrance des contraventions, ce qui peut réduire ces tracasseries.
Mesures d’accompagnement pour assurer l’efficacité
Pour contribuer à rendre plus efficace ce nouveau dispositif, il y a lieu de mettre en place un certain nombre de mesures d’accompagnement. En premier lieu, il est nécessaire d’informer régulièrement les usagers sur le fonctionnement du nouveau dispositif, ses avantages, et les encourager à respecter le code de la route. Par ailleurs, il faudra renforcer la gouvernance par la mise en place d’un contrôle indépendant pour vérifier la bonne application du système et sanctionner les abus. D’autre part, il faut mettre en place les infrastructures et les équipements. En effet, il est indispensable d’assurer la disponibilité de matériel informatique fiable, de réseaux de communication sécurisés, et d’un support technique pour le bon fonctionnement du système.
Il faut aussi instaurer un mécanisme de suivi pour analyser l’impact du dispositif, ajuster les procédures si nécessaire, et mesurer la réduction des infractions et des tracasseries. Enfin, il est important de collaborer avec les autorités locales, les associations de conducteurs, et les citoyens pour renforcer la légitimité et l’acceptation du système.
En résumé, la numérisation des contraventions peut constituer une avancée significative pour améliorer la régulation de la circulation à Nouakchott, à condition qu’elle soit accompagnée de mesures de sensibilisation, de formation, de contrôle et d’évaluation. Cela contribuera à instaurer un climat plus juste, transparent et efficace dans la gestion du trafic urbain.
Sikhousso