«Les problèmes d’eau et d’électricité à Nouakchott et à Nouadhibou seront résolus définitivement dans un délai de 16 mois, grâce à des projets d’infrastructure en cours de réalisation», a déclaré le ministre de la culture, des arts, de la communication et des relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, en juin dernier. En attendant, les habitants de Nouakchott continuent de souffrir. En effet, depuis plus d’une année au moins, la capitale est confrontée à des coupures régulières d’eau et d’électricité, plongeant ses habitants dans une situation de désespoir et d’incertitude. Conséquence, les ménages n’osent plus constituer des provisions de peur qu’elles ne pourrissent à cause des coupures dont on ne sait pas quand elles surviennent et, surtout, combien de temps elles vont durer, faute de communication.
Les coupures d’eau et d’électricité ne sont pas seulement des désagréments quotidiens, mais elles révèlent également des problèmes structurels plus profonds au sein des services publics et de la gestion des ressources. Malgré les multiples «excuses» et «explications», la SOMELEC et la SNDE peinent à trouver des solutions, mais surtout à convaincre les populations des causes réelles de cette situation.
Causes complexes et multiples
Les causes des coupures d’eau et d’électricité à Nouakchott sont multiples et complexes. Tout d’abord, la croissance démographique rapide de la ville a mis une pression énorme sur les infrastructures existantes. La ville, qui a connu une urbanisation rapide, n’a pas réussi à suivre le rythme de l’augmentation de la demande en services essentiels. Les réseaux d’approvisionnement en eau et d’électricité sont souvent obsolètes et mal entretenus, ce qui entraîne des pannes fréquentes. Ensuite, les problèmes de gestion des ressources sont également en cause. La SOMELEC (Société Mauritanienne d’Électricité) et la SNDE (Société Nationale de l’Eau) ont fait face à des difficultés financières et à une mauvaise gestion, ce qui a entravé leur capacité à fournir des services fiables. Les investissements insuffisants dans les infrastructures, combinés à une corruption endémique, ont exacerbé la situation. De plus, la variabilité climatique, notamment les sécheresses prolongées, a affecté la disponibilité des ressources en eau. La dépendance de la Mauritanie à des sources d’eau limitées, combinée à une mauvaise gestion de ces ressources, a conduit à une crise hydrique qui impacte directement l’approvisionnement en eau potable.
Des impacts dévastateurs sur la population
Les impacts de ces coupures sur la population de Nouakchott sont dévastateurs. Sur le plan sanitaire, l’accès limité à l’eau potable augmente le risque de maladies hydriques. Les ménages, ne sachant pas quand l’eau sera disponible, sont contraints de stocker de l’eau, souvent dans des conditions insalubres, ce qui peut aggraver les problèmes de santé. Les coupures d’électricité affectent également la vie quotidienne. Les foyers et les entreprises sont plongés dans l’incertitude, rendant difficile la planification des activités. Les commerces, notamment ceux qui dépendent de la réfrigération, subissent des pertes économiques importantes. De plus, l’absence d’électricité impacte l’éducation des enfants, qui n’ont pas accès à des outils d’apprentissage modernes.
Socialement, cette situation génère des tensions et de la frustration parmi la population, qui se sent abandonnée par les autorités. Les manifestations et les appels à la responsabilité des dirigeants se multiplient, ce qui peut créer un climat d’instabilité politique.
L’urgence de trouver des solutions
Pour remédier à cette crise, plusieurs solutions doivent être envisagées. Tout d’abord, il est essentiel d’investir dans la modernisation des infrastructures d’eau et d’électricité. Cela inclut la réparation et l’extension des réseaux existants, ainsi que l’amélioration des systèmes de distribution pour minimiser les pertes. Ensuite, la gestion des ressources doit être améliorée. Cela pourrait passer par l’adoption de pratiques de gestion durable de l’eau, y compris la collecte des eaux pluviales et le traitement des eaux usées pour leur réutilisation. De plus, une meilleure communication entre les fournisseurs de services et la population est cruciale pour rétablir la confiance. Informer les citoyens sur les horaires de coupure et sur les mesures prises pour améliorer la situation peut atténuer le sentiment d’abandon. Enfin, il est impératif que le gouvernement prenne des mesures pour lutter contre la corruption au sein des sociétés publiques. La transparence dans la gestion des ressources et des finances peut contribuer à rétablir la confiance des citoyens et à garantir que les investissements réalisés dans les infrastructures soient efficaces.
La crise des coupures d’eau et d’électricité à Nouakchott est le résultat d’une combinaison de facteurs, allant de la croissance démographique aux problèmes de gestion des ressources. Ses impacts sur la population sont lourds, affectant la santé, l’économie et la stabilité sociale. Pour surmonter cette situation, des investissements dans les infrastructures, une gestion durable des ressources et une lutte contre la corruption sont essentiels. Seule une approche intégrée et transparente pourra permettre de rétablir des services de base fiables et d’améliorer la qualité de vie des habitants de Nouakchott.
Sikhousso
