En 2025, la Mauritanie se retrouve au cœur d’une dynamique politique marquée par des décisions gouvernementales significatives, touchant à la gouvernance, à l’économie et à la lutte contre la corruption. La condamnation de l’ancien président Ould Abdelaziz à 15 ans de prison par la Cour suprême, la publication du rapport de la Cour des Comptes qui a entrainé l’inculpation de quelques responsables, ont été des événements marquants, bien qu’ils aient suscité des controverses quant à la gestion d’autres affaires de corruption, laissant certains dossiers sans suite. En effet, à titre d’illustration, le parquet a classé sans suite des dossiers médiatisés comme celui du « laboratoire de la police », suscitant des critiques d’élus sur le traitement des affaires de corruption.
Le rapport de la Cour des comptes 2022-2023, remis au Chef de l’État, dévoile des fissures majeures dans la gouvernance publique. Il souligne la prévalence de la corruption et de l’impunité, présentant un État où des pratiques illégales sont devenues structurelles. Loin de respecter les standards internationaux de bonne gouvernance, les ODD 16 et 17 sont contournés, compromettant la légitimité de l’État et la confiance des citoyens.
L’arbre qui cache la forêt
Le rapport dépeint une administration publique qui opère sans respect pour la traçabilité et la responsabilité, révélant une crise morale profonde. Les ministères, notamment ceux du Pétrole et de la Santé, sont épinglés pour des irrégularités majeures. Le rapport indique que 68 % des entités vérifiées présentent des problèmes de gestion, illustrant une corruption systémique. Des dépenses non justifiées, des contrats attribués sans appel d’offres et une absence de suivi des recommandations témoignent d’un manque de rigueur dans la gestion publique. Les entreprises publiques, quant à elles, affichent des pertes cumulées significatives, avec de nombreux cas de comptabilité non conforme. Le rapport révèle que la plupart des entités auditées ne produisent pas d’états financiers certifiés, et le contrôle interne est quasi inexistant. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement s’efforce de concilier réformes économiques, consolidation démocratique et gestion des défis sécuritaires et sociaux, tout en maintenant une stabilité économique. C’est ainsi qu’une série de sanctions contre les hauts responsables impliqués dans les malversations, ont été annoncées et certains cités dans le rapport de la Cour des comptes sont déjà traduits en justice. Cette offensive contre l’impunité, saluée par certains députés, s’inscrit dans un engagement plus large du président Ghazouani en faveur de la transparence.
Moderniser l’administration publique et à renforcer les mécanismes de gouvernance
Parallèlement, l’État met en œuvre des réformes visant à moderniser l’administration publique et à renforcer les mécanismes de gouvernance. Les partis politiques s’élèvent contre les retards administratifs qui entravent le processus démocratique, soulignant un climat de frustration face à un système perçu comme bloqué.
Autres faits marquants de cette année 2025
Renforcement de l’État de droits : Des décrets ont été adoptés pour renforcer la gouvernance publique, la modernisation administrative et la transformation des systèmes alimentaires. Ce qui n’a pas empêché des partis politiques d’exprimer leur impatience face aux retards administratifs dans l’obtention de leurs documents, dénonçant un blocage qui entrave le processus démocratique.
Économie et développement : Lancement de projets d’approvisionnement en eau potable (Kiffa) et d’industrialisation de la Zone franche de Nouadhibou.
Secteur de la pêche : Préoccupations concernant le pillage des ressources halieutiques par des navires étrangers, affectant l’industrie locale.
Politique monétaire : La Banque Centrale observe une résilience économique favorable et une stabilité macroéconomique.
Enjeux sociaux et sécuritaires : Vaste opération de gendarmerie contre un réseau de trafic de drogue impliquant des enfants de familles influentes.
Santé : Création d’un comité technique pour améliorer la qualité des soins au Centre clinique national.
La question qui se pose pour l’État mauritanien est de savoir s’il aura le courage d’affronter la réalité de la corruption et de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour rétablir la confiance dans ses institutions. Les défis restent nombreux, mais les actions entreprises pourraient marquer un tournant dans la lutte contre la gabegie et l’impunité dans le pays.
Sikhousso


