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Interview du Président de l’UFP à l’Eveil-Hebdo

Moins d’un mois après l’entrée de sa formation dans le nouveau gouvernement, et son intégration de facto dans la majorité présidentielle, le leader de l’UFP nous a accordé cet entretien. Il revient sur les raisons qui ont présidé à ce choix politique et ses répercussions certaines sur la scène politique nationale et auprès de l’opinion, son sentiment sur le retour des anciens barons de l’ex-Prds au premier plan, la grève qui paralyse depuis peu le secteur de l’Éducation ainsi que les « bons vieux » souvenirs qu’ils gardent de Mai 68 et des jeunes de cette génération en Mauritanie…

L’Eveil Hebdo : Votre parti a, tout le temps, prôné un dialogue direct et ouvert avec les régimes en place quels qu’ils soient. Aujourd’hui, il est entré dans le gouvernement, sans enthousiasme, dans une situation économique et sociale difficile, marquée par la morosité et l’insécurité. Quel est, pour vous, le sens de cette entrée dans un gouvernement qui est, pourtant, loin d’être d’union nationale ou de large coalition ?

M.O.M : Tout d’abord, on n’entre pas dans un gouvernement pour telle ou telle raison. On y entre seulement pour un objectif ou une stratégie politique déterminée. Il est aussi important de souligner, car je vois que ça n’a pas été le cas dans nos médias, le caractère de la constitution de ce nouveau gouvernement.

Dans l’histoire de la Mauritanie, c’est peut-être la deuxième fois que des consultations avec des partis politiques de tout bord aboutissent à la formation d’un gouvernement qui comporte aussi bien les gens qui étaient au pouvoir que des forces qui étaient à l’opposition.

C’est quand même un événement qu’il fallait saluer parce que cela dénote une certaine maturation de la classe politique mauritanienne et, qui est peut-être, c’est ce que nous espérons, l’amorce d’un véritable enracinement de la démocratie dans notre pays.

On a jamais parlé si peu de tribus, de groupuscules, ou de lobby de pression que lors de la composition de ce nouveau gouvernement. On revient donc à un processus qui met en avant les partis politiques, leurs projets, leurs programmes. Je pense que c’est une chose extrêmement importante à saluer et cela ne peut que donner des signes positifs. Quel a été le produit final ? Est- ce un gouvernement d’union nationale ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’un gouvernement d’union nationale ? Un gouvernement d’union nationale, c’est le rassemblement soit de la totalité des partis, soit de la plus grande part des partis représentés au parlement.

Si ce gouvernement n’est donc pas un gouvernement d’union nationale, je pense que ce n’est pas très loin de cela, parce qu’en dehors de trois partis au sein du parlement, tous les autres sont représentés dans ce gouvernement. Ensuite, au plan politique, il rassemble les partis qui étaient traditionnellement au pouvoir et des partis qui ont toujours été à l’opposition. C’est la deuxième grande nouveauté de ce gouvernement.

Ainsi donc, sur la base de discussions de programmes qui ont eu lieu lors de la première rencontre entre le nouveau Premier ministre et les cinq partis de l’opposition, nous avons discuté des questions relatives à l’orientation de ce gouvernement.

Au cours de cette rencontre, il n’y a pas eu de point particulier qui était opposé à la formation de ce gouvernement dans la mesure où le programme du Président de la République et les programmes des différents partis de l’opposition sont très proches. En tout état de cause, le président de la République nous a offert la possibilité de participer dans ce nouveau gouvernement.

Il faut se souvenir qu’il y a de cela une année, les cinq partis de l’opposition n’ont cessé de réclamer justement une entente nationale et n’ont cessé de proposer leur collaboration avec président de la République, précisément et je cite les termes de la conférence de presse que nous avons faites en avril 2007 : « pour contribuer à la réalisation de son programme politique réformiste ».

De ce fait, vous comprenez la disponibilité des partis de l’opposition pour contribuer à l’application du programme réformiste du président de la République. Parce qu’en réalité, il recoupe pour l’essentiel notre programme. L’intitulé de ce programme n’est pas une question fondamentale. Est-ce que c’est notre programme ou son programme ? La question de savoir à qui revient l’en-tête n’est pas important.

Deuxièmement, dans les débats sur des questions qui doivent être au centre des préoccupations du nouveau gouvernement, pour les questions de programme, seules deux ont été avancées comme objections éventuelles ou comme conditions de participation à ce gouvernement. La première est posée par l’AJD/MR, c’est la cohabitation, je présume, c’est-à-dire le point du programme de ce parti sur la cohabitation entre les communautés.

Ce n’est pas formulé très explicitement, mais il me semble que l’AJD/MR avait déjà fait des propositions dans ce sens au candidat Sidi Ould Cheikh Abdallahi entre les deux tours, mais celui-ci n’a pas accepté cette proposition et que l’AJD/MR faisait de l’acceptation de ces propositions la condition de sa participation à ce gouvernement.

L’autre condition est relative à la rupture des relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël. Elle a été formulée par certains partis au moins dans le cas de TAWASSOUL. Mais vous savez bien que ce parti est revenu sur cette position. A partir de là, vous comprendrez qu’il n’y avait pas l’expression d’une véritable divergence de programme avec le président de la République quant à la constitution de ce gouvernement.

Pour notre part, au niveau de l’UFP, nous avons formulé la proposition de donner à ce gouvernement un plan d’action qui ait pour axe prioritaire le problème de l’insécurité alimentaire, de la sécurité publique et la sécurité nationale, le problème de l’unité nationale, enfin, le problème du redressement de l’administration et la lutte contre la corruption. Le Premier Ministre, dans sa réponse, a accepté nos propositions.

De ce fait, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de conditions de programme que nous avions posées et qui ont été refusées. Les autres partenaires n’ont pas posé de conditions qui nous semblent convenir aux circonstances actuelles. Voilà donc, les raisons qui nous ont poussé à entrer dans ce gouvernement pour essayer de mettre en place les réformes et changements nécessaires à ce pays. En tout état de cause, la situation du pays est très grave.

Il y a une situation de crise sociale, d’insécurité, de menaces assez sérieuses sur d’autres plans, donc nous ne pouvons pas être des spectateurs pendant cinq années de plus et attendre les prochaines élections pour profiter des déboires du gouvernement. Nous craignons que ces déboires ne se confondent aux déboires de la Mauritanie, et c’est ce que nous voulons éviter en participant à ce gouvernement.

E.H : La Mauritanie va mal. Elle est confrontée aujourd’hui à de nombreux problèmes comme la flambée des prix des denrées de première nécessité, la criminalité transfrontaliè re, le terrorisme… Pensez-vous que votre participation à ce gouvernement puisse contribuer à l’éradication de ces problèmes ?

M.O.M : Nous avons demandé précisément à ce qu’il y ait une union de toutes les forces politiques nationales, parce que justement les défis sont très sérieux, surtout en ce qui concerne certains dangers qui nous viennent de l’extérieur. Si nous parlons, par exemple, du problème de l’insécurité alimentaire, vous voyez bien que le problème des prix et disponibilité même des produits sur le marché international constituent, pour nous, une sérieuse préoccupation.

Vous savez aussi que les menaces liées aux réseaux de violence, qu’ils soient des réseaux mafieux ou des réseaux djihadistes, ce sont là des menaces qui nous viennent de l’extérieur. Mais, justement, lorsqu’il y a de menaces sérieuses qui nous viennent de l’extérieur, c’est là où l’union des forces du pays devient absolument nécessaire.

Dans ce cas, les Mauritaniens doivent dépasser leurs contradictions internes ou doivent les situer dans un cadre limité pour pouvoir faire face aux menaces et aux dangers extérieurs. Loin d’être une raison pour justifier une action ou justifier le fait de se confiner dans un rôle de spectateur, il est nécessaire de former une unité d’action pour parer à toutes ces menaces que vous venez d’évoquer.

E.H : En intégrant cette majorité, ne craignez-vous pas de perdre cette aura et cette légitimité que vous avez acquise depuis plusieurs années auprès des masses populaires ?

M.O.M : On ne garde pas une aura au réfrigérateur. L’image d’un parti s’améliore avec une contribution constante aux débats nationaux et sa contribution positive à l’action du pays, surtout durant la période difficile. Je pense qu’entre se plaire à être un spectateur, se plaire à faire valoir notre bonne conscience et le fait de se mettre au service du pays là où il y a des risques effectivement politiques, là où il y a de menaces sérieuses de se retrouver dans des situations délicates, il y a une différence.

Mais, tout compte fait, je pense que dans une perspective de contribuer à tirer le pays d’une passe difficile, de contribuer à ouvrir une voie salutaire, de contribuer à ce que notre Etat ne dégringole pas davantage, que la crise ne s’approfondisse pas, pour tout cela, nous contribuerons sans nul doute à améliorer davantage l’image du parti aux yeux des populations. Je peux même vous dire, qu’aujourd’hui, nous avons des réactions très positives.

Je vous affirme que notre participation dans ce gouvernement n’est pas perçue de manière négative par l’opinion publique. Au contraire, une grande partie de cette opinion espère que notre participation au gouvernement va contribuer à améliorer la gouvernance, la gestion des affaires publiques et faire en sorte, qu’enfin, les Mauritaniens puissent profiter de leurs ressources ; qu’il y ait plus de justice dans le pays, plus de prise en charge des principales préoccupations des populations.

Cette attente de notre peuple met sur nos épaules une très grande responsabilité et nous montre justement qu’il attend de l’opposition démocratique qu’elle joue un rôle plus positif et non plus qu’elle se confine à un rôle négatif. De ce fait, jusqu’à présent, nous ne recevons que des encouragements pour notre participation. On nous dit souvent : « vous êtes là où les décisions se prennent, là où vous pouvez être plus utiles au peuple et à tous ceux qui sont marginalisés dans ce pays ».

E.H : Avec la formation de ce nouveau gouvernement, on enregistre le retour des anciens du régime déchu et qui sont responsables de la crise que le pays traverse. D’ailleurs, un mouvement a décidé de retirer son soutien de principe au gouvernement, il s’agit de « Conscience et Résistance ». En tant que leader de parti, comment voyez-vous ce retour très mal jugé par l’opinion ?

M.O.M : Bon, je pense que les partis qui sont représentés au parlement ont pris chacun leurs décisions de façon responsable. Il y en a qui ont jugé qu’il faut participer, et il y en a qui ont jugé qu’il faut rester à l’opposition. L’important est que les uns et les autres soient toujours inspirés de l’intérêt supérieur de la nation et que chacun respecte la position de l’autre.

Maintenant, le retour des symboles de l’ancien régime, je pense qu’il était inscrit dans la demande que nous faisions au sein de l’opposition, la demande que nous faisions pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Vous vous rappelez que, depuis une année, nous n’avons cessé de réclamer la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Eh bien, l’union nationale c’est entre qui et qui ? C’est entre l’opposition démocratique et les forces de l’ancien régime. Parce que nous voulons avoir un contexte de stabilité politique, on veut faire taire les antagonismes politiques.

Il faut rappeler que la stabilité politique a un intérêt majeur pour la Mauritanie, elle a, pour nous, l’intérêt de nous permettre de libérer nos énergies et nos esprits pour la lutte contre les défis que j’ai précités. Elle a aussi, pour nous, l’intérêt de nous donner le temps pour l’enracinement du nouveau système de la démocratie dans notre pays.

Par contre, si nous allons dans une perspective de confrontation entre ce qu’on appelait les forces de changement et les forces de l’ancien régime, on va vers des risques de déstabilisation supplémentaires, ce qui hypothèque les possibilités de mobiliser toutes les énergie contre les défis et les possibilités de stabiliser le système démocratique qui vient d’être mis en place, à l’issue des dernières élections.

Je pense que les mauritaniens sont devenus assez avertis sur tous ces problèmes et quels que soient les incriminations ou les sentiments que les uns ont vis-à-vis des autres, il y a des moments où il est nécessaire de dépasser cela, mais sur la base d’engagements très clairs.

Notre engagement, aujourd’hui, l’engagement du gouvernement, c’est le changement, c’est la rectification du mode de gouvernance, c’est la lutte contre la corruption, c’est de mener, à son terme, le processus engagé sur l’unité nationale, c’est de redresser nos forces de l’ordre et de sécurité, c’est de faire face à l’insécurité alimentaire et mettre le pays à l’abri dans un contexte mondial difficile avec la hausse des prix… Je pense que sur la base de ces engagements, les forces qui participent au gouvernement ont justement à développer des échanges et des relations parfois même des contradictions pour que la résultante soit de conduire vers plus de quiétude sur tous les plans.

C’est donc ce qui va marquer nos rapports au gouvernement avec toutes les autres forces politiques. Le sens de l’action que nous menons, c’est de prévenir toute sorte de risque pour y faire face. C’est vrai qu’il y aura un risque que le gouvernement se complaise à la routine, que la routine le reconduise à produire l’ancienne façon de gérer les affaires du pays. Mais nous sommes là pour le rappeler qu’il a pris un autre engagement, qu’il y a une autre façon de gouverner, que c’est même devenu vital aussi bien pour la stabilité du pays que pour son existence et qu’il faut aller dans ce sens.

Je pense que les forces politiques qui existent sont des patriotes et qu’ils peuvent très bien comprendre pour ceux qui étaient dans l’ancien pouvoir, la nécessité historique d’opter pour une acceptation sincère du changement et de la réforme et de renoncer totalement aux anciennes méthodes de gestion du pays.

E.H : Cette année, il a été commémoré un peu partout à travers le monde les quarante ans de « Mai 68 ». Quel souvenir gardez-vous des jeunes de cette génération et de cette période de contestation estudiantine, syndicale et intellectuelle, particulièrement mouvementée contre l’establishment et les pouvoirs en place, à travers le monde, y compris la Mauritanie ?

M.O.M : Bonne question ! En effet, Mai 1968 constitue un tournant dans l’histoire de la Mauritanie, un tournant politique, un tournant dans le rôle de la jeunesse mauritanienne, un tournant dans les débats d’idées. Il est d’ailleurs très important de s’arrêter deux ou trois journées pour réfléchir ensemble sur la signification de Mai 68 en Mauritanie.

Ces événements marqués par le massacre de Zouerate ont été le point de départ de toute une dynamique politique qui marquera le pays pendant longtemps. A ce moment, il faut aussi rappeler la contribution énorme de secteurs d’opinion, de couches sociales, d’acteurs qui y ont participé d’une certaine manière.

Je peux même vous dire que certains intellectuels du parti sont entrain de chercher d’organiser une réflexion sur Mai 68 et sa signification. Ce sera une réflexion ouverte qui ne sera pas celui de l’UFP ou d’un autre groupe particulier. Une réflexion, comme je vous l’ai dit, de tous les acteurs qui ont participé à cette année exceptionnelle.

E.H : Monsieur le Président, actualité oblige, ces derniers temps, il y a les professeurs du secondaire qui sont entrés en grève, ce qui risque de compromettre l’année scolaire en cours. Avez-vous une réaction particulière à ce sujet ?

M.O.M : D’abord, c’est le premier test auquel est confronté le gouvernement actuel en matière de gestion des conflits sociaux. Par conséquent, nous pensons à l’UFP que cette grève pose des revendications légitimes des professeurs, parce que leurs conditions sont extrêmement difficiles.

Il n’y a pas possibilité d’améliorer l’enseignement en Mauritanie sans se préoccuper des conditions de vie difficiles des enseignants. Deuxièmement, nous pensons que le droit de grève est l’une des libertés essentielles à protéger et à respecter. S’il y a donc un mouvement de grève, c’est quelque chose de normale, si ces préoccupations sont des préoccupations syndicales, légitimes.

Maintenant, on peut discuter de la forme et de l’opportunité, car il y a certains qui sont pour comme d’autres qui sont contre. Il y a le gouvernement également qui dit qu’il y a déjà des négociations en cours et les syndicats du SIPES ont une autre version des faits. Mais là n’est pas le problème, personne n’a le droit de pousser la confrontation jusqu’à compromettre les examens et provoquer le désastre d’une année blanche.

Ils sont donc condamnés à s’entendre sur un compromis et dans ce sens, nous encourageons les deux parties à trouver un terrain d’entente, afin que nous initions les deux parties à une autre approche en matière de gestion des litiges sociaux. C’est-à-dire que les problèmes se discutent et qu’on cherche des solutions, pas des solutions maximalistes, ou qu’il y ait une négation pure et simple des revendications.

Mais plutôt qu’on crée ensemble une dynamique qui permette de résoudre les problèmes, au fur et à mesure, en tenant compte des conditions de vie des fonctionnaires et en tenant compte des possibilités du pays. Je pense que nous tendons vers cette direction. D’ailleurs, nous avons même encouragé les partis de la majorité dans une médiation entre les deux parties. Ce qui nous a permis de constater que les divergences des deux parties sont extrêmement minimes.

Ce serait donc totalement absurde qu’on aboutisse à une situation bloquée ou une confrontation, alors qu’il n’y a pas une grande divergence. Il y a donc deux revendications essentielles du SIPES : la première, c’est concernant les statuts. D’après nos informations, le gouvernement est prêt à l’accepter immédiatement. La deuxième concerne l’augmentation des salaires. Dans ce cas, on a proposé une formule, c’est qu’il y ait un engagement sur le principe de l’augmentation des salaires pour 2009, comme d’ailleurs le propose le SIPES.

La seule divergence qui persiste, c’est sur le montant. Pour le SIPES, il faut fixer le montant immédiatement, pour le gouvernement, il n’est pas possible de fixer un montant dans l’immédiat. C’est quelque chose qui nous paraît une divergence limitée qui ne justifierait pas ni la rupture des négociations, ni le fait de pousser à la confrontation, de compromettre l’avenir des enfants et de provoquer une année blanche. De notre point de vue, il faut pousser à la négociation et au compromis.

Chacun doit-être prêt à cela, dans le respect des droits de chaque partie. De notre côté, on considère que le rôle d’un parti n’est pas de s’engager sur un terrain syndical, mais de jouer le rôle de facilitateur pour encourager le compromis. Il n’est pas aussi question pour nous de jouer au briseur de grève, ce n’est pas respecter le droit de grève. D’ailleurs, la façon de gérer un conflit social doit-être une façon moderne et fondée sur la négociation et l’utilisation des moyens légaux de pression, et tout le reste doit se situer dans le respect de l’intérêt général.

Interview réalisée par Diop Maciré

Eveil hebdo via forum flamnet

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