Tantôt c’est une panne à la Centrale électrique de Manantali, tantôt c’est à cause des «interventions techniques dans le cadre du programme annuel de maintenance mis en œuvre par la société SEMAF au niveau du réseau d’interconnexion de l’OMVS», une autre fois, c’est une «surconsommation»…
Quelles qu’en soient les causes, la réalité est que depuis des mois les habitants de Nouakchott sont sur les nerfs à cause des coupures récurrentes de l’électricité dans tous les quartiers de la ville. Des coupures qui durent souvent des heures sans que l’on ne sache quand est-ce que le courant sera rétabli.
En effet, les communiqués publiés par la Société pour informer des coupures – s’il y a communiqué – sont toujours approximatifs concernant les horaires des perturbations. Pourtant, il y a de cela à peu près deux ans, la SOMELEC avait promis, à travers un communiqué, que la ville de Nouakchott ne connaitrait plus de délestages !
Au cours des dernières 72 heures, différentes zones de la ville de Nouakchott ont connu une nouvelle fois, des coupures d’électricité répétées, perturbant le service dans de nombreux quartiers de la ville. Un fait noté en pleine canicule, après plusieurs jours de chute de tension électrique et au sujet duquel diverses explications continuent d’être servies par la SOMELEC qui semble plus se soucier de son image que par la satisfaction du client.
Dans cette volonté de démontrer «les progrès» réalisés, la Société a publié récemment un communiqué dans lequel elle informe «ses chers clients» de sa «transition vers les compteurs intelligents». Ce nouveau système, d’après le communiqué, va permettre de bénéficier de nombreux avantages et facilités importants, parmi lesquels l’achat d’énergie selon la tension, les besoins et les horaires ; le rechargement des compteurs à distance via les moyens électroniques (mobiles, ordinateurs…) ; la fin des facturations estimées,…
Avoir le sens des priorités !
Dans un pays où la population est majoritairement analphabète et ayant des difficultés à se servir des nouvelles technologies, les efforts de la SOMELEC auraient dus, en priorité, être orientés vers la recherche des voies et moyens pour mettre fin définitivement à ces coupures qui perturbent sérieusement la vie des populations.
Certaines familles n’osent même plus remplir leurs frigos de peur de perdre leurs produits chèrement acquis, se contentant de s’approvisionner au jour le jour, avec tout ce que cela comporte comme incertitudes. Pourtant, selon des experts dans le domaine de l’électricité, la ville de Nouakchott, qui regroupe plus de 60% de la population dispose de plus de 3000 Megawatt. Ce qui suffit largement aux besoins des habitants de la ville, même avec l’augmentation croissante de l’utilisation des équipements électriques dans les maisons, tels que les réfrigérateurs, les climatiseurs, les pompes à eau, les machines à laver, les mixeurs, les fers à repasser, etc.
Pour information, 35% de l’électricité consommée à Nouakchott est produite à Manantali et transmise à Bamako, Dakar et Nouakchott par un réseau interconnecté. Par conséquent, ces trois pays subissent des coupures de courant en cas de choc au niveau du barrage. Le Sénégal utilise 15% de la production de Manantali et le Mali 45%. Le reste des besoins en énergie de Nouakchott provient des centrales thermiques qui dépendent entièrement des carburants (fioul et gasoil) notamment la Centrale de Tevragh Zeina d’une capacité de 180 mégawatts.
Réseau défectueux et obsolète, personnel peu qualifié
Ces mêmes experts disent que la grande perte d’énergie électrique produite à Nouakchott est due à la mauvaise qualité des câbles obsolètes du réseau de distribution installé dans les années 90, qui n’est pas conforme aux spécifications requises.
Le réseau n’est pas adapté à un pays à climat chaud qui est confronté continuellement à des températures records, sans parler de l’absence d’une maintenance régulière sous les conditions climatiques locales qui oscillent entre chaleurs extrêmes, orages pluvieux et orages continentaux secs, provoquant souvent des court-circuits ou l’incendie de certains poteaux électriques non équipés en isolants pouvant empêcher le déclenchement de masses électriques récurrents.
En outre, selon l’aveu même de l’ex-ministre de l’Energie, M. Abdel Salam Ould Mohamed Saleh, 80% des travailleurs de la SOMELEC ne sont pas qualifiés aux techniques de l’électricité voire ont d’autres qualifications très éloignés de ce domaine. Une autre perte considérable d’électricité est occasionnée par la pratique de certains agents de l’entreprise et de leurs «complices» – souvent plus haut placés dans le hiérarchie – qui possèdent des réseaux électriques parallèles et fournissent de l’électricité «volée», à des prix bien inférieurs aux prix de l’entreprise.
Comme on le voit donc, des «compteurs intelligents» c’est bien, mais avoir de l’électricité tous les jours et toutes les heures c’est encore mieux !
Sikhousso