« Walata n’a pas envie de voir les autres qui sont si loin d’elle. Elle préfère rester isolée dans sa solitude.
Walata fleurit ,même dans son hiver, par son image.
Comme Narcisse, la vieille cité aime se regarder dans le miroir de ses sables magiques tout en contemplant les couleurs de ses dessins lyriques , les belles œuvres de son genie artistique attachées à perpétuelle demeure à
ses murs et aux portes de ses maisons en briques.
Fière de ses quartiers qui sentent le mélange d’histoire et des condiments lesquels conditonnent la vie de ses gens, Walata se reconnaît dans la décoration de ses livres rares et de ses anciens manuscrits.
A vrai dire , l’argile avec laquelle walata fut construite ne ressemble pas à celles des autres villes.
Cette ville mythique a pu réunir en son sein l’ensemble des cultures et des valeurs de son entourage à tel point qu’elle n’arrive plus à se reconnaître elle-même.
Depuis toujours, elle a été une ville savante au charme captivant.
C’est, en tout cas , sous cet angle que nous l’avons , nous autres nomades , constamment, perçue.
C’est walata qui avait abrité la beauté de l’empire du Mali quand il était à l’apogée de sa puissance.
C’est walata qui avait tout pris des valeurs des Almoravides au temps où ceux-ci avaient une foi inébranlable.
C’est walata au charme de laquelle succombérent successivement les envahisseurs maghrébins , Arabes du Ma’akil , les peuls endurcis , les oulad Mbareck et les Mechdoufs. Tous ces envahisseurs
qui avaient, tous , à un certain moment de l’histoire
cru avoir conquis le cœur de la cité légendaire furent
trompés par les avances de la charmante walata.
De chacun d’eux , elle arracha un peu ( en fait l’essentiel ) avant de redevenir ce qu’elle fût depuis toujours à savoir walata, la belle cité qui attire ses amoureux tout en les regardant avec un air hautain » » .
Je me suis souvenu de ces beaux passages littéraires du roman » Silence des Horizons » de mon ami Mbareck ould Beyrouk » alias Cheikhou au moment oú nous traversions les espaces désertiques à haut risque ,dans la profonde obscurité d’une nuit ténébreuse.
Nous étions en compagnie des personnels du bureau de presse de la Présidence de la République, en route vers walata, la rose des cités du patrimoine mauritanien.
J’étais en train de mediter sur le style élégant et expressif avec lequel Beyrouk réussit à produire une littérature de haute qualité
pour décrire cette cité qui l’a beaucoup fasciné .
Le résultat de cette talentueuse production était un merveilleux tableau d’art écrit en lettres françaises immortalisant les sites et les vestiges historiques de la vielle ville.
Beyrouk maîtrise la rhétorique qui lui permet de donner à son sujet la faculté de s’exprimer , à contrario , ce que veut walata par le sous entendu.
Mais à y voir de près, ce que veut walata aujourd’hui c’est qu’elle soit vue par tout le monde .
C’est, précisément, ce qu’à voulu pour elle , son Excellence Monsieur le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Cheikh El GHazouani, dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’ouverture de la 12ème édition du festival des cités du patrimoine.
Son Excellence a voulu que tout le monde la voit vêtue de ses propres habits.
Il a voulu qu’elle appaisse à la multitude dans sa splendeur , dans sa beauté, dans sa nette distinction alors qu’elle se renforce par un paquet de projets vitaux de développement qui ont été conçus dans l’intérêt de la brave ville et de ses honorables gens.
Walata qui avait conquis , dans le passé, les coeurs de tous les envahisseurs , est aujourd’hui la destination vers laquelle les gens se ruent en provenance de tous les coins du pays , vers laquelle les yeux sont rivés et à laquelle les coeurs s’attachent tout en nageant dans l’ocean de son amour occulté et tout en se divertissant avec ses chants savoureux et avec sa succulente élégie
Walata aujourd’hui est une ville qui s’arrose de parfum et de la science, qui noircit ses sourcils par l’encre de l’histoire et qui occupe, brillamment,
le trône des cités du patrimoine ..
A walata tout le monde se prosterne pour écouter religieusement la symphonie de l’intimidant » Silence de ses Horizons » au rythme des mélodies de la gloire , de l’histoire, des sables et du vent.
Un texte de Med Saleck Brahim traduit par Abdel Kader Ould Mohamed