lundi, mai 20, 2024
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Visites présidentielles : Une campagne avant l’heure ! Mais pour quoi faire ?

Depuis quelques semaines, le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a entamé des visites dans différentes wilayas du pays au cours desquelles il a procédé à l’inauguration ou à la pose de la première pierre de certaines infrastructures de développement. Quelques mois plus tôt, c’étaient des visites «inopinées» pour «s’enquérir de l’état d’avancement» des projets en cours ou pour se faire une idée des conditions de travail dans certaines structures. A quelques mois de l’échéance présidentielle de juin 2024, ces sorties s’apparentent à une campagne avant l’heure pour celui qui n’a pas encore déclaré sa candidature, mais dont les partisans multiplient des appels du pays pour que leur champion rempile.

En attendant, le Président est sur tous les fronts et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Des projets et des milliards d’investissements  

Ainsi, à Néma le Président de la République a procédé à la pose de la première pierre du projet de construction de la route Achemim-N’beikett-Lahwache. Cette route, longue de 120 km, a été financée à hauteur de 936 758 856 MRU, conjointement par le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe et le Trésor public mauritanien. Ce fut ensuite, la pose de la première pierre d’une ferme laitière intégrée dans la zone «Behga» dans la moughataa de Nema, qui a coûté 1 milliard et 400 millions MRO et devra produire 3 000 litres de lait par jour. Le programme du président Ghazouani s’est poursuivi avec l’inauguration d’un complexe médiatique au profit de Radio Mauritanie. A Rosso, le Président a inauguré le projet de remise en état de la ferme de M’Bakh-Dick, qui vise à améliorer les conditions de vie des habitants de la zone. La réalisation de ce projet a nécessité une enveloppe d’environ un milliard cinq cents millions MRO. A Tiguent, le président a inauguré une ligne électrique à haute tension de 225 kV, d’une longueur de 204 km. A N’Diago, c’est le réseau à haute tension du projet de ligne électrique (90 kilovolts) reliant Keurmacen au port Ndiago qui a été lancé. A R’Kiz, le président a inauguré le projet d’aménagement du bassin oriental du lac de R’kiz. L’enveloppe financière de ce projet, qui constituera un saut qualitatif dans le domaine de l’agriculture dans cette région, s’est élevée à 1 339 850 000 MRU, sur financement du Fonds saoudien pour le développement.

Beaucoup d’efforts pour peu d’adversité

Si on suppose qu’il s’agit vraiment d’une précampagne, la question que l’on est en droit de se poser, c’est de savoir si Ghazouani avait vraiment besoin de «mouiller autant le maillot» ? La question peut sembler incongrue dans la mesure où il s’agit d’un président sortant qui devrait présenter un bilan aux électeurs. Mais au vu du vide sidéral en face de lui, il aurait pu économiser son temps et son énergie pour les consacrer à autre chose. Comme nous l’avions déjà évoqué dans l’une de nos précédentes éditions, Ghazouani est parvenu à «réduire l’opposition à sa plus simple expression», comme l’avait promis son ami de l’autre côté du Fleuve ! Les opposants historiques, Ahmed Ould Daddah, Mohamed Ould Maouloud et Messaoud Ould Boulkheir, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et on les imagine mal tenter leur chance l’année prochaine, au risque de se faire humilier, après le désaveu qu’ils ont subis aux élections générales du mois de mai dernier.  Un revers pour ceux qui ont marqué l’histoire politique de la Mauritanie, dont une nouvelle page s’écrira probablement sans eux, malgré leurs tentatives de rester dans le jeu, à travers notamment un hypothétique «protocole» avec le parti INSAF et le gouvernement. Pour sa part, Biram Dah Abeid, même s’il cherche par tous les moyens à regagner en crédibilité, ses accointances avec Ghazouani les premiers mois du mandat de ce dernier lui ont coûté très cher en termes de popularité. Reste donc l’improbable émergence au dernier moment d’un homme «providentiel» qui parviendrait à fédérer autour de son nom tous les frustrés et mécontents du régime de Ghazouani. Ce qui reste très hypothétique.

Comme on le voit il n’y a, pour le moment, aucune force en face qui justifierait que Ghazouani déploie autant d’efforts. Il aurait donc pu nous éviter ces carnavals folkloriques où les politicards rivalisent de flagornerie, sans une once de sincérité et ce déferlement de cirques qui nous offrent les mêmes représentations depuis Ould Taya. Réunions des cadres pour «préparer la visite», exode de tous les ressortissants de la région qui retournent au terroir le temps de se faire voir, des «notables» qui déploient des trésors d’énergie pour se faire remarquer… En attendant le prochain épisode !

Sikhousso

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