lundi, décembre 30, 2024
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L’Afrique, continent du futur    

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine élisaient à l’unanimité le président mauritanien Mohamed Ould Ghazwani à la tête de leur organisation pour l’année 2024.                                                

C’est le troisième président mauritanien appelé à occuper ce poste et cette prestigieuse nomination a été chaleureusement saluée par notre gouvernement, le parti au pouvoir et tout notre peuple.             

Une présidence tournante marquée, depuis des années, par des marasmes politiques et des guerres, notamment dans la région du Sahel qui ne sortait d’une crise que pour entrer dans une autre…                                             

C’est dire combien le président mauritanien se retrouve confronté à de grands défis. Une tâche guère facile dans un continent en proie à des convulsions politiques et économiques aggravées, ces dernières années, par la fièvre des coups d’État militaires.                                                                                

Aujourd’hui, de nombreux pays du Monde se précipitent vers l’Afrique dans une compétition fébrile : Angleterre, Brésil, Chine, Corée du Sud, États-Unis d’Amérique, France, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Malaisie, Russie, [Sionie], Turquie… ; tous préoccupés d’accéder aux richesses du continent, notamment à ses ressources énergétiques.                                                                                                                       

Des questions se posent sur le changement de la vision du Monde à son égard : est-elle vraiment le continent du futur ? Qu’est-ce qui motive tant de nations à y investir ?                                                                                         

Quels sont les enjeux et les bénéfices qu’elle va tirer de cet intérêt ?     

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L’Afrique, continent du futur  

On sait que l’abondance de ses richesses naturelles fut une des raisons des attaques coloniales occidentales contre ce continent aux 19ème et 20ème siècles, ainsi que de ses guerres civiles.                                               

Mais l’objectif, à l’époque, n’était pas d’exploiter ces ressources mais simplement de les ratisser.

Aujourd’hui, le pari des pays investisseurs sur l’Afrique ne se limite plus à sa situation d’immense mine de ressources primaires. Il s’étend également à un immense marché de consommation intérieure estimé à plus d’un milliard de personnes qui devrait doubler d’ici 2050, en raison de l’accélération de l’urbanisation et de la formation de classes sociales moyennes conséquentes.                                            

Afin d’attirer davantage de financements, plusieurs pays africains se sont empressés de susciter un climat favorable en ce sens, en affinant leurs politiques économiques et leurs systèmes d’investissement, avec de nombreuses législations et lois encourageant et soutenant celui-ci via de nombreux organismes et institutions le planifiant et le règlementant.                                                                        

Moult privilèges ont été instaurés : faciliter les conditions d’investissement, assouplir les restrictions sur ses flux, adopter des mécanismes de gouvernance et de transparence pour fournir les informations nécessaires à l’investisseur, simplifier les procédures administratives, réduire ou exonérer certains impôts…                                                                                                                                                 

D’une manière générale, l’Afrique a commencé à préparer son environnement en améliorant le climat des affaires afin de contenir le fort flux en provenance des diverses régions du Monde. L’Afrique que nous voulons prend soin de ses propres affaires et s’efforce de résoudre ses conflits par elle-même. Elle n’attend pas que des solutions toutes faites lui parviennent de l’extérieur mais s’efforce plutôt de les trouver en son propre sein par le dialogue, la coordination et la créativité.                                        

Elle veut des solutions exactement adaptées aux défis auxquels elle est confrontée et c’est à cette tâche que s’emploiera Ould Cheikh El-Ghazwani tout au long de son court mandat d’un an au terme duquel la Maison africaine d’Addis-Abeba aura à présenter le bilan des réalisations accomplies.                 

Mais c’est déjà, pour le gouvernement mauritanien, déjà une victoire diplomatique – « un gain historique », a-t-il même souligné – que notre pays ait accédé à la présidence de l’UA avec l’appui unanime des pays nordafricains. Je considère pour ma part cette désignation comme une « grande responsabilité » qu’a la Mauritanie à assumer en cette année 2024 et, certes, l’unanimité des pays d’Afrique du Nord avec le soutien de ceux de l’Est est en soi un « succès diplomatique majeur ».                            

La haute figure consensuelle de notre Président « l’aidera à jouer un rôle majeur d’union et de médiation dans les pays dont l’adhésion a été suspendue en raison de coups d’État ». Voilà qui pourrait renforcer le rôle de la Mauritanie sur la scène régionale et internationale, en y accroissant son influence et sa présence, notamment dans les activités diplomatiques et politiques.                                                          

Tout particulièrement dans la gestion des coups d’État militaires et des crises politiques que ceux-ci ont générés, l’escalade de la violence armée, notamment au Sahel, et la question de l’immigration. Notre pays est capable d’amorcer des solutions sur plusieurs dossiers brûlants, comme la crise politique au Sénégal, l’affrontement militaro diplomatique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, les tensions diplomatiques dans la Corne de l’Afrique et autres conflits internes en divers pays d’Afrique de l’Ouest.                                                                                                                                                      

Nous devons nous concentrer sur la promotion de l’intégration africaine, les relations internationales du continent et la bonne gouvernance. À cet égard, la Mauritanie peut utiliser le soft power de ses succès diplomatiques dans la médiation et la résolution des différends et des crises au Sahel. 2024, une année-charnière dans la difficile période économique que traverse le continent dont trop de pays sont confrontés à des taux élevés de pauvreté et à des sérieuses difficultés entravant leur croissance économique durable ?                                                                                                                                 

C’est en ce nœud de l’histoire qu’Ould Cheikh El-Ghazwani a été appelé à la présidence de l’Union. Ces questions ne lui ont pas échappé dans son discours d’investiture. « L’Afrique détient plus de 50% du taux d’extrême pauvreté dans le Monde », y a-t-il déclaré, soulignant que « plus de six cent millions d’Africains n’ont pas, en ce 21ème siècle, accès à l’électricité. [Notre continent] vit un paradoxe dans le terrible écart entre cette situation synonyme de fragilité et son fantastique potentiel en termes de jeunes ressources humaines, emplacement stratégique distingué et ressources naturelles qui devraient la qualifier d’oasis de sécurité, de paix et de prospérité ».                                                    

Les questions de sécurité politique, économique, sanitaire et alimentaire, les espoirs d’un développement durable et d’une zone de libre-échange « nécessitent la mobilisation des tous les efforts. […]                                                                                                                                                                                                     

L’accord de libre-échange doit notamment être promu pour accroître de 60% d’ici 2034 les échanges commerciaux entre les pays africains, en supprimant tous les frais qui les perturbent  et en construisant un bloc économique de 1,3 milliard d’habitants, nanti d’un produit intérieur brut de 3 400 milliards de dollars ».                                                                                                                                                                          

Permettez-moi ici de vous présenter quelques priorités sur lesquelles l’UA devrait se concentrer en 2024 : réformer ses propres institutions, appuyer les processus de paix en Éthiopie et au Soudan, encourager la coopération régionale autour du barrage éthiopien sur le Nil, apaiser les tensions dans les Grands Lacs et en Afrique centrale et débloquer la transition en Libye. Il devient de plus en plus urgent de renforcer le système d’alerte précoce et de prévenir les conflits, notamment par la diplomatie préventive et la médiation. Aucune région d’Afrique n’est aujourd’hui à l’abri des sources d’instabilité.                                                                                                                                                                         

Outre les défis traditionnels, les changements climatiques, la cyber sécurité, la sécurité alimentaire et sanitaire deviennent des problèmes émergents et majeurs accroissant la complexité de la situation. Ce paysage de conflits auquel l’Afrique est aujourd’hui confrontée se poursuit de manière inquiétante.                                                                                                                                                                                 

Il est urgent de lui proposer une réponse collective et coordonnée afin de préserver la paix, la sécurité des peuples, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  

CHEIKH AHMED OULD MOHAMED                                                                                                                              INGÉNIEUR                                                                                                                                                                                                              

CHEF DU SERVICE ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENT                                                                                                                                           

ÉTABLISSEMENT PORTUAIRE DE LA BAIE DU REPOS

NOUADHIBOU

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