Lancée vendredi 14 Juin dernier, la campagne pour l’élection présidentielle du 29 juin 2024, aborde sa dernière ligne droite cette semaine. Au pas de charge, les sept candidats en lice parcourent le pays après une précampagne menée à vitesse de croisière par certains d’entre eux.
Sept prétendants sont sur la ligne de départ : Mohamed Cheikh El Ghazouani, Mohamed Hamadi, chef de file de l’opposition et leader de Tawassoul, le principal parti de l’opposition parlementaire, Biram Dah Abeid, député et figure connue du combat abolitionniste, Maître El Id ould Mohamed MBareck, député, Dr Outouma Soumaré, Bâ Mamadou Bocar, président de l’AJD/MR et Mohamed Mourtaj El Wafi.
Entre bilan à défendre pour le président sortant et promesses de rupture, les prétendants au fauteuil présidentiel tentent de convaincre.
Se hissant à deux reprises à la deuxième place (après 2014 et 2019),Biram Dah Abeid se lance pour la troisième fois à l’assaut du palais présidentiel. Sa candidature est portée par la Coalition Biram 2024 » composée d’une vingtaine d’organisations et personnalités, BDA continue de drainer des foules et retrouve sa popularité d’antan altéré par son rapprochement puis la rupture avec le pouvoir. Retrouvant également sa verve d’antan, Biram, plaide en ‘’faveur d’un changement systématique’’, unique voie pour mettre fin « aux injustices, à l’exclusion de l’écrasante majorité et le pillage des ressources nationales par une minorité ». Le candidat de la coalition « Biram 2024 » a appelé ses partisans « à voter massivement le dimanche 29 avril, et à sécuriser le choix de la victoire à travers les urnes ».
Le file rouge du discours de Biram Dah Abeid est constitué des attaques contre la gouvernance Ghazouani et l’invitation récurrente de ses partisans à la mobilisation contre la fraude électorale.
Le candidat à la présidentielle, Biram Dah Abeid a déclaré jeudi, lors des différents meetings qu’il a présidés à R’Kiz, Mederdra et Tiguint que « c’est dans la wilaya du Trarza compte le plus grand nombre de bureaux de vote où la fraude se pratique à grande échelle. Biram a convié la population à la vigilance, à rejeter toute manœuvre frauduleuse ou tentative de corruption.
Il a également demandé à son staff de campagne d’accélérer le processus d’enregistrement de ses représentants dans les bureaux de vote
Dans la foulée,le candidat de la coalition Biram 2024 a appelé ses partisans à R’Kiz et dans le reste du pays, à se préparer au changement et à signaler à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) toute fraude qui pourrait se produire le jour du scrutin.
Le candidat Biram Dah Abeid a salué le niveau de désir de changement affiché par les mauritaniens et dont ils sont assoiffés avant de les appeler à traduire dans les faits cette volonté de changement à travers les urnes le 29 juin 2024.
Hamadi Sid’El Moctar confiant
Pour sa part, le candidat de Tawassoul, principale force de l’opposition parlementaire, Hamadi Sid’El Moctar s’est engagé à procéder à une profonde refonte du mode d’exploitation des mines, notamment, les conditions de travail, dans certains sites, présentant un danger pour l’environnement la santé des populations. Se lançant pour la première fois dans la bataille présidentielle, le leader de Tawassoul s’est enfin engagé à impulser « le développement de la région » grâce aux revenus tirés des ressources naturelles.
A Atar, Hamadi Sidi Mokhtar Mohamed Abdi a passé en revue son projet électoral, qui accorde une importance particulière au tourisme, en s’engageant à construire une infrastructure permettant de fournir un environnement touristique approprié pour attirer les touristes.
Il a déclaré que sur la base des visites qu’il a menées dans les wilayas du nord en général, tous les indicateurs confirment le succès de son projet, appelant les militants à faire barrage devant toutes sortes de fraude pour réaliser le changement.
Le candidat de Tawassoul a souligné que le peuple mauritanien est fatigué des promesses non tenues des régimes précédents et attend avec impatience un changement radical qui prenne en compte les vrais problèmes des citoyens et les problèmes fondamentaux du pays, notant que les citoyens n’ont pas bénéficié des richesses du pays à cause de la corruption.
Le candidat Hamadi Sidi Mokhtar a demandé aux citoyens mauritaniens à intensifier leurs efforts pour apporter le changement le 29 de ce mois.
Pour sa part, Mohamed Ali Ould Addou, directeur de campagne du candidat au niveau de l’Adrar, a déclaré que « les régimes successifs au pouvoir ont manipulé les citoyens sans aucun avantage, notamment au niveau de la wilaya de l’Adrar », appelant les militants du parti à intensifier l’appel aux électeurs et à expliquer aux habitants de la wilaya le contenu du programme du candidat.
Maître El Id Mohamed Mbareck, candidat de l’Alliance des Forces du Salut (AFS)
Maître El Id Mohamed Mbareck, candidat de l’Alliance des Forces du Salut (AFS), se lance pour la première fois à l’élection présidentielle.Sa candidature est portée par l’AFS qui regroupe un certain nombre de partis politiques de l’opposition, porte des projets aptes à développer le pays et le faire avancer à tous les niveaux. Après une randonnée dans l’Est, le candidat s’est successivement rendu à Boutilimitt et Keur Macène.
Le candidat a affirmé que les populations qui ont assisté au meeting sont conscientes de leur choix et ont exprimé l’amère réalité qu’elles vivent, selon lui. Il a également critiqué l’état actuel du pays, le qualifiant de “misérable à tous les niveaux”.
Il a indiqué que les jeunes de Keur Macène souffrent de l’exclusion, même dans leur wilaya, soulignant que son programme électoral garantit aux jeunes le changement vers une situation meilleure.
Me El Id a critiqué la situation actuelle de la jeunesse mauritanienne, précisant que “la migration des jeunes est due à plusieurs facteurs dont la marginalisation et le chômage.
Il a ajouté que la moughataa de Keur Macène n’a pas bénéficié de la route goudronnée venant du port de Nouakchott ni d’autre services de bases nécessaires.
Le candidat de l’AFS a en outre parlé de terres agricoles accordées à des personnes en dehors de la moughataa alors que les populations locales n’en ont pas bénéficié.
Il a appelé les jeunes à unir leurs rangs le jour du scrutin et à se porter volontaires pour le contrôle des bureaux de vote et lutter contre ce qu’il a appelé la “fraude”
Me El Id Mohameden a aussi appelé les électeurs dans les deux moughataa à “voter pour lui et donc à voter pour le développement et la prospérité du pays”.
Le candidat a enfin souligné que l’alliance des forces de secours qui le soutient regroupe différentes générations et acteurs politiques et porte le projet de la coexistence mauritanienne.
Baptême de feu pour Mamadou Bocar Ba
Le président de l’AJD/MR, M. Mamadou Bocar Ba, se lance pour sa première présidentielle après avoir été député.Après Nouakchott, Nouadhibou, le candidat de l’AJD s’est rendu à pas de course à Maghama, Sélibaby, Lexeïba, Kaédi et MBagne.
Lors des différents rassemblements populaire s qu’il a présidés, M.Ba a présenté son programme électoral indiquant qu’il mettre son expérience au profit de la résolution des problèmes fondamentaux dont souffre la Mauritanie, incluant l’exclusion, la cohabitation, la confiscation des terres agricoles, l’accès à l’état civil, le chômage et le contrôle des prix, soulignant que les énormes potentialités du pays ont été exploitées, par les différents régimes, sans aucun avantage pour l’intérêt du citoyen..
Dans ce cadre, il a déploré les départs massifs des jeunes mauritaniens à l’étranger, précisant que ceci constitue une preuve irréfutable de l’échec des politiques publiques adoptées jusqu’à-là.
S’agissant du passif humanitaire, il s’est engagé à créer une commission nationale d’enquête indépendante pour rendre justice aux victimes.
Il a en outre parlé de l’impératif de réformer le système éducatif, dénonçant dans ce contexte le paradoxe caractérisant les hauts responsables par rapport à leur méfiance vis-à-vis du système d’enseignement national.
Le candidat a rappelé à l’assistance que le vote est un acte réfléchi qui doit être protégé contre toutes les formes de manipulation de la conscience.
Pour sa part, le coordinateur de la campagne au niveau du département de M’Bagne a critiqué le bilan d’action du pouvoir en place au niveau de la moughataa qui souffre, selon lui, d’innombrables déficits de services de base, précisant que leur candidat incarne le changement attendu.
Mohamed Lemine El Mourtaji El Wafi , troisième assaut
Le candidat à la présidentielle de 2024, Mohamed Lemine El Mourtaji El wafi sera à son troisième assaut du palais présidentiel .Lors de ses différentes tournées, il a déclaré que “l’État est aujourd’hui contrôlé par un groupe d’hommes d’affaires qui sont la cause de toute la ruine”, déclarant que s’il est élu président, il interdira aux hommes d’affaires de s’engager dans la politique.
Au cours d’une conférence de presse tenue vendredi soir à Nouakchott, il a expliqué que les hommes d’affaires qui font de la politique échappent au paiement des impôts et des taxes douanières, alors que les faibles et les simples citoyens sont obligés de payer les impôts, estimant que les hommes d’affaires devraient contribuer à soutenir l’économie nationale, à créer des opportunités d’emploi pour les jeunes, à payer les impôts et à s’occuper de leurs affaires.
Il a ajouté que s’il est élu, il accordera des exonérations fiscales aux créateurs d’entreprises et aux propriétaires de petites entreprises, ouvrant ainsi une nouvelle page qui ne laisse pas de place aux corrompus et favorise les plus faibles de la société.
“La corruption s’est infiltrée dans tous les segments de l’État, et pour la combattre, il faut l’éradiquer”, a déclaré le candidat Mohamed Lemine El Mourtaji El Wafi.
“Les nominations aux postes sont faites de manière non transparente”, a-t-il dit, notant que dans les départements ministériels, ceux qui n’ont pas le moindre droit d’occuper ce poste sont nommés au détriment des compétences et des énergies capables d’apporter le développement et le progrès dans leur domaine.
Dans ce cadre, il a souligné qu’un fonctionnaire a le plein droit d’être nommé même s’il est opposant, appelant à la distinction des postes politiques et des postes professionnels.
Au cours de la conférence de presse, le candidat a remercié les habitants des wilayas qu’il a visitées, expliquant que “les citoyens considèrent désormais que les politiciens ne sont pas sincères dans leurs promesses et que leur seule préoccupation est de récolter des voix à tout prix”.
“L’arène politique a été déformée par les politiciens eux-mêmes, qui ont perdu toute crédibilité dans leurs promesses en manipulant les citoyens pour atteindre des objectifs politiques étroits”, a-t-il déclaré.
“Les citoyens ont perdu l’espoir d’un changement et ont peur des organes électoraux et de la Commission électorale nationale indépendante”, a-t-il déclaré, soulignant que la corruption peut être combattue, mais que c’est la frustration du citoyen qui ne peut être résolue.
Le candidat a souligné que le temps fera la part des choses entre ceux qui voulaient des votes en manipulant les citoyens et en faisant des promesses vides, et ceux qui se souciaient de l’intérêt public et de la transparence.
Outouma Soumaré, une première
Le candidat aux élections présidentielles 2024, M. Outouma Soumaré se lance pour la première fois à l’élection présidentielle. Soutenu par certaines personnalités et des mouvements, Soumaré se dit ‘’porteur d’un projet et d’un programme complémentaires pour la réforme du pays , son développement et sa prospérité, loin des slogans pompeux’’.
Il a souligné au cours d’un meeting électoral qu’il a présidé vendredi à Néma que le gouvernement a dépensé 150 anciens milliards d’ouguiyas dans des projets de développement au Hodh Echarghi sans que cela ne se répercute sur la vie des populations.
Il a précisé que la cause de l’échec des projets de développement dans le pays est le manque d’intérêt accordé aux études de faisabilité économique avant leur lancement
Il s’est engagé, en cas de victoire aux élections, de réaliser des projets économiques répondant aux besoins des populations à l’intérieur du pays et à se concerter avec elles.
Il a attiré l’attention sur le fait que la wilaya du Hodh Charghi est parmi les wilayas du pays qui ont une richesse animale appréciable et que malgré cela elle n’a pas obtenu cette année le quota d’aliments de bétail qui lui revient de droit.
Il a appelé les populations de Néma en particulier et du Hodh Charghi en général à voter le 29 juin prochain pour le changement escompté.
Rendez-vous est pris pour le samedi 29 juin !
Saydou Nourou T.