Le Bureau Exécutif du parti au pouvoir en Mauritanie, INSAAF, a tenu une réunion dimanche dernier après plusieurs mois de léthargie. En effet, depuis la dernière élection présidentielle, le parti est en hibernation. Pas de réunion des structures, pas ou pu de communiqués, aucune mobilisation… Les cadres et les dirigeants du parti semblent blasés. Peut-être du fait que c’est le second et dernier mandat du Président Ghazouani et que pour le moment aucune figure n’émerge, au sein de la Majorité, comme successeur naturel de l’actuel Président. En outre, à l’inverse des autres partis, INSAAF ne communique presque jamais sur les questions qui touchent les populations comme le coût de la vie ou encore le chômage. Même les dernières mesures prises par le pouvoir en faveur des travailleurs sont passées inaperçues et il a fallu que, sur les réseaux sociaux, des personnes s’étonnent de ce silence pour qu’on se réveille enfin du côté d’INSAAF
Ainsi, au cours de la réunion du dimanche, le bureau exécutif du parti au pouvoir a salué la régularisation des travailleurs de la Société Nationale d’Électricité ainsi que des collaborateurs des médias publics, et la création d’un fonds de logement pour les enseignants. Il a décrit cette mesure comme une opportunité pour exprimer sa profonde gratitude au président Mohamed Ould Ghazouani, soulignant l’importance sociale de ces décisions et leur impact positif sur de larges segments de la société. Le bureau exécutif a également loué, à l’issue de sa réunion, l’adoption par le parlement de la loi contre la corruption, mettant en avant le rôle responsable de tous les membres du parlement dans cette approbation. Il a remercié Ghazouani pour les programmes sociaux récemment lancés pour aider les populations les plus vulnérables, et a également salué la finalisation de la phase préparatoire du programme de développement des villes intérieures, ajoutant qu’il garantira l’accès aux services essentiels. Le bureau a aussi exprimé sa gratitude, au nom des militants du parti et de tout le peuple mauritanien, au président Ghazouani pour ce qu’il a qualifié de succès diplomatiques, qui ont permis l’élection du candidat mauritanien à la présidence du Groupe de la Banque Africaine de Développement.
Accélérer le processus de réforme du parti
Par ailleurs, le bureau exécutif a insisté sur la nécessité d’accélérer la finalisation du processus de réforme du parti, de renouveler ses structures, et de préparer son prochain congrès. Pour rappel, le parti avait constitué le 15 août 2022 une commission chargée de réformer le parti, de le refonder, et cette commission n’a tenu que deux réunions espacées avant de suspendre définitivement ses travaux. Les membres du bureau exécutif, lors de leur réunion de dimanche, ont appelé toutes les instances et militants du parti à contribuer sérieusement et de manière responsable à cette étape préparatoire, en respectant les dispositions des statuts et du règlement intérieur du parti, afin de renforcer sa position de leader sur la scène politique nationale. Les membres du bureau exécutif ont également suivi une présentation faite par le président du parti concernant le processus de réforme du parti, le renouvellement de ses structures, et la préparation de son prochain congrès, considéré comme une étape clé pour dynamiser l’action du parti et renforcer la pratique démocratique au sein du parti. Il convient de rappeler que le Conseil national du parti a tenu, à la fin de l’année dernière, une session au terme de laquelle il a décidé de prolonger d’un an la légitimité des structures actuelles du parti, jusqu’au 25 décembre 2025 au plus tard, sur proposition du président du parti, Sidi Ahmed Ould Mohamed, en modifiant l’article 17 du règlement intérieur du parti.
Se ressaisir ou se saborder !
Pour continuer d’exister, le parti doit nécessairement renouer le dialogue avec la base à travers l’organisation de rencontres régulières avec les membres locaux, les jeunes, et les représentants communautaires pour écouter leurs préoccupations et recueillir leurs idées. Cela permettrait de renforcer la proximité et la confiance. Il doit aussi communiquer davantage en mettant en place une stratégie de communication active, notamment via les réseaux sociaux, les médias locaux, ou des réunions publiques pour partager ses actions, ses projets, et ses positions sur des sujets importants pour la population. En outre, le parti doit s’engager dans des actions concrètes et participer ainsi à des projets locaux, des campagnes de sensibilisation ou des initiatives sociales qui répondent aux besoins immédiats des citoyens, comme l’éducation, la santé ou l’emploi. Sur un autre plan, le parti doit informer régulièrement sur ses activités, ses décisions, et ses engagements. La transparence favorise en effet la crédibilité et l’engagement des citoyens. Pour ce faire, il est important de former et mobiliser ses membres afin qu’ils puissent mieux représenter et défendre les intérêts de leur parti. Ce qui permettra de s’adapter aux enjeux locaux en identifiant les problématiques spécifiques à chaque région ou communauté et proposer des solutions adaptées, en collaborant avec d’autres acteurs locaux.
En somme, si INSAAF veut renforcer sa légitimité auprès de la population, il n’a d’autres choix que de revitaliser ses structures pour redevenir un acteur visible, à l’écoute des citoyens, et engagé dans des actions concrètes qui répondent à leurs attentes. Sinon, il sera perçu comme une structure qui ne s’active qu’à l’approche d’échéances électorales. Ce qui a le don d’agacer de plus en plus les populations.
Sikhousso